PATOUÈI DÈ LA VALÉ DOEU TRËYIN


 

Marianne MÜLLER : Le Patois des Marécottes

IV L'organisation sociale

La religion, l'église

 

La vie des montagnards est profondément pénétrée d'esprit religieux. Ils doivent faire face à une nature qui leur semble mystérieuse et les frappe souvent brutalement. Ils voient que l'homme est impuissant dans les circonstances graves et la religion les encourage et les console. Ils expriment leur foi sincère par une pratique religieuse active, les jours de la semaine, le dimanche et les jours de procession.

A plus de 100 m. au dessus de St-Maurice, sur la dernière des esplanades qui coupent horizontalement l'immense rocher, se trouve le sanctuaire de la Vierge du Scex, le principal lieu de pèlerinage. Ses origines attestées remontent au commencement du 7e siècle. - De nombreux ex-voto tapissaient les parois de la chapelle et rappelaient les miracles ou faveurs faits par la Sainte Vierge. Des ignorants les ont malheureusement emportés et brûlés. - Un des miracles les plus frappants et qu'on cite toujours est le suivant: Un garçon de 12 ans, occupé avec son père à couvrir le toit de la chapelle, chancelle et tombe. Son père le voit; il implore Notre-Dame du Scex. Après une chute de 100 m. l'enfant, sain et sauf, cherche son chapeau et rejoint son père. C'était le 17 nov. 1722.

La chapelle des Marécottes, construite en 1900, ne remplit régulièrement sa fonction qu'en été. Le curé de Salvan étant trop occupé, les messes sont célébrées tous les matins par un abbé séjournant aux Marécottes pour la saison. Pendant le reste de l'année, il y a une seule messe par semaine, de préférence le samedi.

 

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les cadeaux au curé 
d'âtre kou, l'èirè la kotëme, po markâ cha rèkonyèchanche a l'inkourâ, dè li balyie dè boure, dè laché, dè frui è dè tsèi
Autrefois, pour manifester sa reconnaissance au curé, c'était la coutume de lui donner du beurre, du lait, du fromage et de la viande.
din chèi tin, li dzin travalyivon byin la kanpanye è l'èivon byin dè danré. òra l'è ple le mémwe aférè. li famëlye chon pâ achë grouche, tui tsartson a ganyi, è poeuvon ple balyi dè vivre, balyèrin plëtou katyè fran po li poure. chon forche d'alâ ganyi parskè la kanpanye raportè pâ proeu è la vyia l'è troua tchiere
Dans ce temps-là, les gens travaillaient bien la campagne et ils avaient beaucoup de produits agricoles. - A l'heure actuelle, ce n'est plus la même chose. Les familles ne sont plus aussi nombreuses, tous cherchent à gagner (comme artisans ou sur les chantiers), et ils ne peuvent plus donner des vivres, ils donneront plutôt quelques francs pour les pauvres. Ils sont forcés de gagner leur vie ailleurs parce que la campagne ne rapporte pas suffisamment et que la vie est trop chère.
dyu, ché ke l'inmandzè li cheryieje, ché d'amon lé, ché ke fé vèni le cholèi, ché ke fé plovèiDieu
l'èvètyeévêque
l'abéabbé
l'abayiabbaye
l'inkourâcuré
le vëtchérevicaire
le préreprêtre
le kapoutsincapucin
le bron, le tsa nyieprêtres (plais.)
le kalotin, ché dè darèi l'iyèjecuré (peu respectueux), litt. celui de derrière l'église
la parotseparoisse
l'iyèjeéglise
la tsapalechapelle
l'oeùtaautel
le goubàlacalice
le bènètyiebénitier
la mèchamesse
le chormonsermon
le tsapèlèchapelet
oune inmarie, li-j-inmariegrains du ch.
chënye tè ! fais le signe de la croix!
la profèchonprocession
le konfanonétendard
le toeutyetoeutyegoupillon
l'éwe bèniteeau bénite
la bènèdechonbénédiction
bènibénir

 

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le fó èiklefâ avoué l'éwe bènite po li tsafyie li diable. !il faut l'asperger avec de l'eau bénite pour lui extirper les diables !
le bâton dè l'in.nerpecrosse de l'évêque, litt. bâton de l'« inalpe »
la kroeujilyerécipient servant pour la quête à l'église
la nó nef de l'église
li-j-alécouloir entre les deux rangées de bancs
rèpëlâsonner au début de la messe
rèpèilon, fó vite alâ !ils sonnent le d. de la m., il faut se dépêcher d'y aller
la klotsecloche
le krënèrécrécelle
le katrëjiemecatéchisme
on dèkrotse-bon dyu, dèpindelâ-bon dyu, on bigo, ouna bigòtabigot
on barnèiathée ; hérétique, litt. bernois
le trèmoualyeles étages à l'alpage : d'où, par plais, enfer, purgatoire, paradis
le paradiparadis
veiyon li revenan oeutre chu le pon doeu tryiedze, chon in pèine lé, venyon po èspiyie lyue foteils voient des revenants là-bas, sur le pont du Triège, ce sont des âmes en peine, ils viennent là pour expier leurs péchés
le dyable, dyàbla, le dèmon, l'âtre, la brëta-bitye, le malin, luchifè, ché di korne, ché dè la granta kawe ke li trèinèdiable
dictons et proverbesDictons et Proverbes
tot è bâ, le prére è l'oeùta ! Tout a dégringolé, le prêtre et l'autel! (tout est perdu; qch. est tombé avec grand fracas.)
loin dè l'iyèije, pré doeu paradiLoin de l'église, près du paradis.
le bon diu, che l'invoyè la pèina, balyè la forche po la chuportâ !Si le Bon Dieu envoie la peine, il donne la force pour la supporter.
tsakon po chè, le bon dyu po tui ! Chacun pour soi, le Bon Dieu pour tous.
lâche pyie férè à chèi ke l'inmandzè li cheryieje !Recommande-toi à Dieu !
li tin.ne, li min.ne chon plin.ne dè pin.neRefrain basé sur de simples consonances chanté par les porteurs de campanes aux processions.

 

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la sorcellerie  
ye porte todzo ouna mèdalye chu mè dè chin benoît. avoué chin, y a byó, poeuvon pâ m'intsarèilyie !Je porte toujours sur moi une médaille de St-Benoît. Avec cela, «ils» peuvent essayer ce qu'ils veulent, « ils » ne peuvent pas m'ensorceler.
din le tin, kan katyon l'a balya le mó a ouna bétye (l'a intsarèilya), l'alâvon bâ vè li kapoutsin, l'èsplikâvon koumin l'èirè chla bétye, ke balyivè ple dè laché ke mindjievè pâ oeu ke l'èirè tòta grëfa. li kapoutsin balyievon adon dè bèni po la bétye è dëlyèivon : " mujèrèi in voue a la mècha dèman matin ! "Dans l'ancien temps, quand quelqu'un avait donné le mal à une bête (l'avait ensorcelée), les propriétaires allaient chez les capucins, leur expliquaient dans quel état se trouvait cette bête, qu'elle ne donnait plus de lait et ne mangeait pas ou qu'elle avait les poils hérissés. Alors les capucins leur donnaient du foin béni pour le faire manger à la vache et disaient: Je penserai à vous demain matin à la messe.
l'è tu arevó ke y avèi ouna fëna pè la tyoeutse ke pouèi pâ avèi l'èifan. l'èirè intsarèlya. kan l'a tu li rèmiedze doeu kapoutsin, l'a atyoeutcha dètire !II y avait une fois une femme en couches qui ne pouvait pas accoucher. Elle était ensorcelée. Quand elle a eu les remèdes du capucin, elle a accouché tout de suite.
ah ! chèi, l'intsarèlyè ! fó férè atinchon ! kanbin voeudre pâ, l'è forche dè balyi le mó, l'è pouchó pè le diable ! Ah! celui-là ensorcelle, il faut faire attention! Bien qu'il ne veuille pas, il est forcé de donner le mal, il est possédé par le diable.
le matsèró, li matsèré descendants d'un sorcier (auj. mauvaise injure) ; on dit qu'on reconnaît encore aujourd'hui les personnes «matsèré» parmi les habitants de Salvan
d'âtre kou, on loeu boutâvè ouna dzèrba dè palye oeu raté è on li-j-alâvè bourlâ bâ èi kondéméneautrefois, on leur attachait une gerbe de paille au dos et on les menait aux Condémines pour les brûler (à quelque distance de Salvan, sur la dernière esplanade dominant Vernayaz).

 

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