PATOUÈI DÈ LA VALÉ DOEU TRËYIN


 

Marianne MÜLLER : Le Patois des Marécottes

 

INTRODUCTION

La Vallée du Trient débouche latéralement sur la rive gauche du Rhône dans la partie inférieure du Valais. Dominée par le massif du Mont-Blanc et celui du Trient, creusée, rabotée par les glaciers du Trient et d'Argentière, elle ne débouche sur la plaine du Rhône que par l'étroite entaille des Gorges du Trient, fissure sinueuse qui coupe de haut en bas un massif de schistes cristallins de 200 m., et au fond de laquelle un torrent sauvage gronde entre les blocs qui l'obstruent. Les eaux tourbillonnantes des glaciers ont façonné le paysage en creusant dans les roches des marmites glaciaires, en arrondissant, polissant et striant les têtes rocheuses de Salvan, des Marécottes et de Finhaut. Ces roches dites « moutonnées » donnent au paysage un caractère original qu'on n'oublie plus et qui le distingue de toutes les autres vallées. — Au sommet des rochers de la gorge du Trient, sur un épaulement invisible d'en bas, à 933 m., s'étale un plateau vert et souriant, aussi lumineux que la gorge est sombre, et sur ce plateau un village montagnard : Salvan. Javelle le décrit dans ses Souvenirs d'un alpiniste: « Sa position singulière et charmante, son aspect aimable et original le font remarquer de tous les voyageurs qui ont l'occasion de s'y arrêter en allant à Chamonix. Si l'on cède à la tentation d'y faire un séjour, et qu'on se donne le loisir d'étudier plus attentivement les gens et la contrée, on ne tarde pas à reconnaître au prix de quels labeurs un grand village réussit à vivre en cet endroit, et combien les précipices qui l'environnent opposent d'obstacles à sa prospérité. Alors, pour peu qu'on aime à rêver, on prend intérêt à cette lutte des montagnards contre la nature ...» (p. 273-274). - Au milieu du village s'ouvre la place publique, nommée les Baux. C'est là qu'on annonce les diverses décisions municipales, que se font les criées publiques et les ventes aux enchères. Pour les gens de la vallée, le village s'appelle simplement la « Ville ». - De la place des Baux part le chemin qui traverse le Bioley au N-O au-dessus de Salvan pour rejoindre Les Granges (1044 m.), village bâti en gradins, surplombant presque la vallée du Rhône en face des Dents de Morcles.

Salvan était évidemment destiné par sa situation et ses avantages à rester le centre, la petite métropole de toute la vallée. Il y a bien, il est vrai, d'autres plateaux, mais celui-ci est le plus chaud, le mieux exposé au soleil, le mieux abrité des vents, le plus rapproché de la plaine avec laquelle il peut échanger ses produits.

Le plateau des Marécottes, à peine éloigné de quelques kilomètres (à 1054 m.), n'a déjà plus le même climat ; souvent il y neige alors qu'il pleut à Salvan. Le village s'étend en plusieurs groupes séparés du fond des Combasses jusqu'au sommet du Cergneux (à 1150 m.). Situés sur un caractéristique contrefort schisteux dans la première et principale partie, Les Marécottes forment deux grands hameaux réunis aujourd'hui - La Leneire et Les Places -, bizarrement nichés dans les roches. Des chalets et des raccards brunis par les siècles se serrent autour du four banal. Le chemin monte rapidement de là, en passant à côté de la chapelle des Marécottes jusqu'aux Places. Au bout des Places, la campagne s'élargit. Ce sont d'abord des champs qui bientôt, à droite atteignent la pente encore légèrement inclinée et s'y étalent jusqu'à Planajeur; ce sont ensuite des prés très fertiles, plantés de cerisiers et de pommiers, sur un plateau inaperçu, où repose, à côté d'un petit lac artificiel, le hameau de La Fontaine. Au-dessus, cramponné déjà au côteau rapide de Planajeur, se trouve le hameau du Cergneux d'où le regard plonge, à travers l'évasement des montagnes, sur la Vallée du Rhône jusqu'au Bietschhorn. Le chemin continue à travers de grandes forêts jusqu'à La Creusaz (1800 m.) - terrasse protégée par la chaîne du Luisin - qui offre une vue splendide et unique sur le massif du Mont Blanc et les chaînes des Alpes valaisannes.

Au-dessous des Marécottes, la route se poursuit à travers les Combasses jusqu'au hameau de La Médettaz d'où part le sentier qui descend aux Lézettes, un autre hameau des Marécottes, près duquel on cultivait autrefois la vigne. De La Médettaz, on arrive en 10 min. aux gorges du Triège et au Trétien, hardiment bâti sur les pentes raides qui descendent jusqu'au Trient. Le Trétien est le dernier village qui appartient à la commune de Salvan. En face, sur une tête arrondie et gazonnée, se trouve le petit village de La Crettaz, appartenant à la commune de Martigny-Combe, mais faisant partie de la paroisse de Salvan. — A partir du Trétien, le chemin monte rapidement vers la pente boisée de La Châz, qui, semblable au contrefort de Salvan, barre une seconde fois la vallée. Le décor change, un nouveau plateau s'ouvre, regardant le glacier du Trient : Finhaut (1244 m.). Le chemin continue en montant doucement au Giétroz et redescend de là au Châtelard (1122 m.), le dernier village suisse du côté de la Savoie. Au Châtelard, la route de la Forclaz qui frôle le village de Trient, rejoint notre vallée. - Le versant opposé à la côte de Salvan-Finhaut est formé par la chaîne boisée de l'Arpille.

La configuration du terrain intéresse vivement les montagnards parce qu'elle détermine les conditions d'exploitation de leur sol : où la pente est trop forte, la forêt est maintenue, où elle est faible, on défriche le sol et on le cultive. Les cultures s'étagent de 900 m. à 1300 m. Le bétail fournit à titre premier les matières pour l'approvisionnement domestique : la viande, le lait, le beurre, le fromage. Autrefois, chaque famille avait ses vaches et ses chèvres, plusieurs avaient même des moutons. En été, le bétail trouve une herbe abondante dans les alpages environnants, mais, au printemps et en automne, il n'a, pour toute nourriture, que ce qu'il trouve à brouter autour du village, et, en hiver, le foin qu'on a recueilli pour les quatre à cinq mois de la stabulation hivernale. Le nombre de bêtes qu'on peut garder, se mesure aujourd'hui à ce qu'on fauche d'herbe sur ses propriétés autour du village. Autrefois, cette quantité était agrandie par le foin sauvage qu'on ramassait, en risquant sa vie, dans tous les rochers accessibles, aux flancs des abîmes. Les approvisionnements sont excessivement difficiles à Salvan. Son plateau étroit est suspendu, comme une corniche, à mi-flanc de la montagne; au-dessous s'élèvent des pentes rapides, au-dessous s'ouvre l'abîme du Trient. Le champ de travail des Salvanins s'étend du fond de la grande gorge jusqu'au sommet des plus hautes forêts. A tout propos, ils doivent monter ou descendre. Ce n'est pas seulement le foin qu'il faut porter à travers monts et vaux, c'est aussi le blé, c'est la litière, c'est le bois pour la provision du foyer, sans compter tous les produits qu'on apportait de la vallée du Rhône ou qu'on y descendait avant la construction du chemin de fer et de la route. Les sentiers étant pour la plupart impraticables pour les bêtes de somme, le paysan est contraint de porter tout sur son dos. Son « paillet », sorte de petit sac rempli de paille qu'il pose sur ses épaules en guise de coussin et qu'il noue autour de la tête, ne le quitte presque jamais. Il y a tant à porter avant d'avoir bien approvisionné le village pour l'hiver que tous, même les vieillards, les femmes et les enfants, doivent prendre leur part de la tâche. A distance, sous ces charges énormes, on ne voit plus que leurs jambes: on dirait une montagne de foin qui marche toute seule. Et n'oublions pas que, foin et litière seront transportés une seconde fois sur leurs épaules pour fumer les terres.

Le plateau est cultivé avec soin jusque sur les rochers. Des champs de pommes de terre, de raves et betteraves, des potagers s'échelonnent tout autour du village. Sous l'impulsion des stations agricoles cantonales, la vallée a introduit, depuis une vingtaine d'années, la culture de la fraise qui assure un revenu intéressant. Il faudrait progressivement abandonner les champs minuscules et en pente, si la fraise n'offrait de meilleures perspectives, car les céréales et les pommes de terre ne constituent pas une culture rentable.

Citons aussi la forêt dont des étendues importantes sont restées inexploitées jusqu'à la construction de la ligne de chemin de fer et des téléfériques. Mais la belle forêt qui domine les villages est sacrée, c'est une de ces forêts protectrices qu'on ne saurait assez respecter. C'est elle qui arrête les grandes avalanches et les gros blocs qui menacent chaque année les villages ; néanmoins les années ne sont pas rares où des avalanches descendent jusqu'aux villages et causent des pertes irréparables.
Chaque hiver, les habitants des Marécottes évoquent avec terreur la grande avalanche poudreuse du 12 janvier 1806 « qui, se détachant de l'Eau-Neuve, à la Creusaz, culbutait, d'un côté, la superbe forêt des Mosses, de l'autre, tous les arbres fruitiers entre le hameau des Places et le Cergneux, deux raccards et un grenier furent renversés, la maison de R. fut endommagée. Le lendemain, à l'aube, une deuxième avalanche se précipitait du sommet du Perron, rasait la belle forêt du Tzanté-des-Graveillons, balayait plus de 22 granges, tuait 10 vaches et 5 génissons, et menaçait sérieusement La Leneire. Bon nombre de particuliers, frappés par le même coup, furent réduits à un état voisin de la misère. » Ainsi la décrit Louis Coquoz dans son livre Histoire et Description de Salvan-Fins-Hauts, p. 64.

Comme c'est une région au sol sablonneux et graveleux, très faible en calcaire, les précipitations, 115 à 150 cm., ne dispensent pas de l'arrosage qui complique et renchérit les travaux. Les caractéristiques essentielles des exploitations agricoles rejoignent celles qui existent dans de larges régions montagneuses du Valais : Les exploitations ont une trop petite superficie. Etant donné que ces terrains sont de moindre rapport à cause de la durée réduite de la végétation, une famille moyenne n'y trouve pas le revenu suffisant à sa subsistance. Trop morcelées, ce qui rend impossible toute rationalisation du travail, elles exigent un capital-bâtiment disproportionné à leur importance, en raison de la dispersion des parcelles et de leur situation à des altitudes différentes ; le terrain accidenté, comme le morcellement, empêche presque toute mécanisation et une grande part de la main-d'œuvre est occupée à des travaux de faible rentabilité. - Chaque parcelle a son histoire, elle évoque un souvenir familial et rappelle au paysan la peine qu'il a eue à la cultiver. L'homme s'est donné entièrement à sa terre et il ne consentirait pas à l'échanger contre une autre. La tentative de remaniement parcellaire se heurte donc au conservatisme peu clairvoyant des paysans et échoue.

Les habitants de la Vallée du Trient ont dû, de tous temps, chercher des ressources supplémentaires pour compléter le revenu familial. C'est ainsi qu'autrefois, les Salvanins se plaçaient comme pâtres dans les vallées voisines, en Savoie, dans l'Entremont et jusque dans la Vallée d'Aoste - ils y allaient à pied avec leurs cochons ! -; ils exerçaient le dur métier de carrier, exploitant les schistes d'ardoises de leur sol. D'autres se firent flotteurs de bois sur le Trient, métier excessivement dangereux et où nombre d'entre eux laissèrent leur vie. A la fin du siècle dernier et au début de celui-ci, quelques-uns s'en allèrent dans le canton de Vaud, en France et même en Algérie, pour y exercer le curieux métier de « détartreur » qui consiste à enlever le tartre des tonneaux. Un grand nombre de personnes alla travailler dans l'hôtellerie en France. — L'émigration résulte de la pauvreté naturelle du pays ; le projet de départ collectif de 56 familles de Finhaut pour le Brésil, élaboré en 1818 par le curé, en est un témoignage impressionnant.

Quant aux femmes, dans tous les ménages, elles ont leur large part de besogne ; l'été, aux champs, elles ne travaillent pas moins vigoureusement que les hommes ; autrefois, durant les longs mois de l'hiver, elles s'occupaient à filer, comme on le faisait presque partout dans les montagnes ; la plupart, en outre, tissaient une belle toile solide qui se vendait à Martigny, à St-Maurice et jusqu'à Bex.

L'argent étant rare et les moyens de s'en procurer très limités, on achetait, à l'unique magasin de la commune, seules les choses indispensables comme le sel, les métaux et les articles de mercerie. Aux marchés de la plaine, on allait vendre du bétail et du fromage pour se procurer en contrepartie du blé ou du maïs, alors qu'on achetait d'habitude l'avoine pour les semailles à Vallorcine.

Pour toute personne non montagnarde il est difficile de se rendre compte des corvées auxquelles les montagnards d'autrefois se voyaient contraints. Ne citons qu'un exemple : les bergers qui gardaient les vaches à Salanfe, prenaient la peine de faire sécher du fumier qu'ils mettaient dans des sacs, et le soir, après avoir soigné les vaches, ils portaient ce fumier à Plan-Cerisier pour fumer leurs vignes. Ils remontaient le soir même à Salanfe ; ce qui représente une distance d'au moins 26 km. aller et retour, s'étendant sur une différence d'altitude de 1300 m. ...

Il ne faut point oublier les vignes qui appartiennent aux Salvanins au fond de la Combe de Martigny. Plan-Cerisier qui s'étage au pied de l'Arpille sur un plateau incomparable, joue un rôle essentiel dans la vie de la population de Salvan et de Trient.

La montagne impose à ceux qui l'habitent d'une façon continue et y gagnent leur vie, une mentalité spéciale et un genre de vie particulier, plus simple et plus rapproché de la nature. Celle-ci exerce l'influence la plus générale et la plus profonde sur le montagnard, parce qu'elle lui fournit la nourriture, l'habillement, le logement et parce qu'elle lui apporte ses joies et ses peines, jour après jour, durant toute sa vie. Le sens des traditions est peut-être l'un des caractères les plus marqués du montagnard valaisan, celui qui fait le fond de sa nature. - Les difficultés d'une telle vie créent parfois chez lui une regrettable âpreté au gain et une agressivité apparente (- pensons aux périodes des élections ! -). Mais, d'autre part, elles créent aussi un remarquable esprit d'entr'aide. Les voisins viennent au secours de ceux qui sont frappés par le malheur, ils aident même à faire certains travaux comme le transport du bois pour une construction, ou pour remonter la terre dans les champs, sur les pentes, travaux qui s'exécutaient le plus souvent le dimanche matin avant la messe. Le vezenä (voisinage) jouait, surtout autrefois, un très grand rôle dans la vie du village. Les membres d'un vezenâ se sentaient une grande famille unie, forte à tenir tête aux malheurs infligés par la nature. Certains outils et meubles comme p. e. la maie ou la table à claire-voie pour la boucherie appartenaient à tout le vezenä. Lors d'un décès, c'étaient ceux du vezenä qui veillaient le mort, fabriquaient le cercueil, le portaient à l'enterrement et creusaient la tombe. Aujourd'hui, cette belle tradition se réduit à une prière pour laquelle on se réunit dans la maison du défunt, le soir de son décès.

Semblable à celle-là, d'innombrables coutumes disparaissent de jour en jour. Et la plus réelle de toutes les fortunes, la simplicité des désirs, s'est perdue il y a longtemps déjà.

« L'influence des étrangers sur les montagnards est très complexe : les habitants des villes éveillent chez eux tout un monde de pensées, beaucoup de curiosité surtout. Il existe donc, se disent-ils, un autre genre de vie, plus facile, exempt d'efforts musculaires, d'autres manières de s'habiller, d'autres maisons, d'autres plaisirs. Peu à peu, dans leur imagination se précise le rêve de la vie des habitants des villes en opposition avec la rude existence de la montagne. Et alors germe l'idée de départ, au moins pour un temps, puis la préférence pour tout ce qui vient de la ville. - Et voilà, il n'en faut pas davantage pour diminuer l'attachement des montagnards à leur condition.» (MaRietan, BMurith 62, p. 39).

D'autre part, le développement de l'industrie hôtelière, depuis la seconde moitié du siècle dernier, a modifié sensiblement les conditions de vie des habitants. Au même pas, le commerce a pris de l'importance et le problème de l'aide aux montagnards a trouvé depuis peu une solution dans l'installation d'un atelier d'horlogerie au rez-de-chaussée du bâtiment d'école à Salvan.

En 1858, un chemin muletier fut construit entre Vernayaz et Châtelard qui montait par 53 contours à Salvan et passait par les villages des Marécottes, du Trétien et de Finhaut. Ce fut le début du tourisme dans la vallée. On arrivait de Vernayaz, les hommes à dos de mulet, les dames en chaise à porteur. La route ne s'élargit point et il fallut la construction du chemin de fer Martigny-Châtelard-Vallorcine en 1906 pour suppléer à ces rudimentaires moyens de locomotion qui avaient été cependant bien rentables pour les gens de la vallée. Les premiers 30 ans, le Martigny-Châtelard ne desservait régulièrement la vallée que pendant les six mois de la belle saison ; depuis 1935, le train circule aussi en hiver, des galeries de protection ayant été construites à certains passages dangereusement exposés aux avalanches. - En 1934/35 on jeta le fameux pont de Gueuroz par dessus les gorges du Trient et on construisit la grande route qui part de Martigny-La Bâtiaz et mène actuellement jusqu'au Trétien.

La construction du barrage de Barberine procura aux jeunes gens de la vallée un nouveau gagne-pain, tout en leur permettant de ne pas quitter leur village. Le barrage fut béni solennellement par l'Abbé de St-Maurice en 1925 ; un nouveau barrage CFF est en construction au Vieux Emosson. D'autre part, l'Energie Ouest-Suisse, en collaboration avec la Lonza, a entrepris la construction d'un bassin d'accumulation au Plan-de-Salanfe, au sud des Dents-de-Midi.

Tout récemment, en 1953, la Société de Développement prit l'initiative de construire un télésiège depuis Les Marécottes à La Creusaz et un téléski allant de La Creusaz au col de La Goletta.

L'inexorable marée du progrès et des mœurs modernes ne s'est donc pas arrêtée devant les hautes parois des gorges du Trient et une foule d'étrangers envahit la vallée, été et hiver. - Le village des Marécottes avec ses cinq hôtels, ses cinq « cafés -Tea-Room » et de nombreux magasins s'est développé rapidement, à l'exemple de Verbier, pour devenir une station et le but d'innombrables excursions. Les temps où les gens de la vallée sentaient qu'ils constituaient une grande famille et se réunissaient tous les soirs en veillées ne restent qu'un souvenir...

 

 

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